Son discours calme et posé transpire la sérénité. Sans être calculés une seule seconde, les propos de Birama Touré laissent transparaître une certaine expérience mais aussi le bonheur d’être assis à nos côtés ce matin-là, quelques jours avant la réception de l’Olympique de Marseille, dans la foulée d’une séance sous le soleil de Grammont. En déroulant le fil de sa carrière, on se rend d’ailleurs bien compte que ce bonheur simple et sincère va bien au-delà du fait d’avoir retrouvé un club après 3 mois d’inactivité.
CHEMINS DE TRAVERSE
Pour le comprendre, il faut se pencher sur le parcours atypique du natif de Kayes, région agricole du Sud du Mali, à 8h de route de Bamako. C’est-là bas que Birama a vu le jour avant de rejoindre la France avec toute sa famille à l’âge de 5 ans, pour retrouver son père parti travailler dans une usine à Beauvais. C’est là, dans le chef-lieu de l’Oise, que son aventure footballistique a commencé : « Mes grands frères jouaient déjà au foot dans le club de la ville et mon père m’y a rapidement inscrit », se souvient Birama. « Pour lui, c’était mieux qu’on fasse une activité plutôt que de traîner au quartier. » Bonne idée Papa ! Sans bruit, Birama évolue dans toutes les catégories de l’AS Beauvais Oise, jusqu’à débuter en équipe première, alors en National, sous la direction d’Alexandre Clément. Il y est repéré par Bruno Cheyrou, alors recruteur pour le FC Nantes, qui lui permet de signer chez les Canaris à l’été 2012… en même temps qu’un certain Michel Der Zakarian, qui a coaché Birama durant 4 saisons à Nantes avec une montée en Ligue 1 à la clé et la découverte de l’élite du football français. « Mes années nantaises ont constitué ma découverte du monde professionnel », poursuit l’international malien aux 10 sélections avec les Aigles. « Moi qui en avais toujours rêvé mais qui n’avais jamais eu la chance de rentrer dans un Centre de Formation, se retrouver en pro, c’était quelque chose d’incroyable, encore plus vu le prestige du club. Je ne retiens que des bonnes choses de mon passage là-bas. »
PILIER DE L’AJ AUXERRE
La suite de sa carrière le verra passer par Brest, le Standard de Liège (Belgique), puis l’AJ Auxerre où il dispute 230 matchs en 6 ans. « Je suis arrivé en janvier 2017 », raconte Birama. « C’était compliqué car l’AJA luttait pour son maintien en L2, mais nous avons réussi cette mission maintien avec de bons jeunes et quelques cadres dont je faisais partie avec Ludovic Obraniak et Mickaël Tacalfred. » Trois ans et demi plus tard, Birama Touré fait partie des cadres qui ramènent l’AJA dans l’élite sous les ordres de Jean-Marc Furlan, 10 ans après le dernier passage du club icaunais en Ligue 1. Si les Bourguignons font directement l’ascenseur, Birama réalise une saison pleine en prenant part aux 38 rencontres de championnat.
En fin de contrat, il passe ensuite une saison en Arabie Saoudite – « ma première expérience dans un pays non francophone et franchement, j’ai bien aimé mon passage là-bas ». – avant de voir sa reconduction de contrat tomber à l’eau et de se retrouver libre cet été : « Jusqu’à présent, je suis content de la carrière que j’ai faite », assure le néo-Montpelliérain au moment de jeter un œil dans le rétro. « Sans être passé par un Centre de Formation et le cursus classique qui va avec, je partais de loin. J’habitais chez mes parents, j’allais à l’école, au collège, au lycée. Je m’entraînais 3 fois par semaine, le soir, à 18h30, 19h h. Je suis issu du monde amateur et, être là où j’en suis aujourd’hui, avec le nombre de matchs que j’ai pu jouer et les 2 montées en L1 que j’ai pu vivre, ainsi que mes sélections en équipe nationale du Mali, je suis fier de ce que j’ai fait jusqu’à présent… Mes proches aussi sont fiers de moi et c’est le plus important. »
Malgré la fin de son contrat dans le Golfe, il était hors de question pour lui de mettre un terme à ce conte de fée des temps modernes à seulement 32 ans… Et tout a repris en quelque sorte là où tout avait commencé, dans ce Championnat de France qu’il connaît si bien : « Début septembre, mon agent m’a dit qu’il était en contact avec Montpellier et je suis content d’avoir rejoint le MHSC ».
POINT D’ÉQUILIBRE
Birama Touré correspond surtout au profil recherché par le MHSC depuis de nombreuses saisons : celui d’un milieu de terrain défensif capable de jouer dans un double pivot ou en sentinelle, qui essaie de protéger sa défense au maximum et de faire le lien entre la ligne de défense et l’attaque. Un point d’équilibre en somme comme il l’a montré dès son 1er match au MHSC, contre Auxerre à La Mosson où il récupère le ballon qui amène le 3ème but pailladin. Birama Touré a ensuite poursuivi sa montée en puissance lors des deux matchs suivants : « La défaite dans le temps additionnel à Monaco nous a fait mal parce qu’on a réalisé un gros match face à une très bonne équipe du championnat », explique-t-il. « Malgré-ce, il faut garder ce qu’on a fait de bien, y compris à Reims. Même si cette rencontre en Champagne a été compliquée, il y a eu des bonnes choses aussi. Il faut garder le positif pour se construire et la chance finira par tourner. En plus, il y a pas mal de blessés mais quand tout le monde va revenir et que le groupe sera au complet, je ne me fais pas de souci. »
Voilà qui nous amène à évoquer sa vision du groupe, lui qui a vécu de nombreuses luttes pour le maintien par le passé : « J’ai toujours connu Montpellier comme une très bonne équipe du championnat qui joue le milieu, voire la première partie de tableau », explique-t-il : « En regardant la qualité des joueurs qui composent cet effectif, j’ai tout de suite voulu relever ce défi montpelliérain. C’est sûr que, quand les résultats ne sont pas là, c’est plus compliqué de sourire, mais on essaie de garder une bonne ambiance et c’est que comme ça qu’on s’en sortira. Si on se met à se tirer dans les pattes, on sera en difficulté jusqu’au bout. Mais si on garde cette solidarité et cette bonne entente entre nous, on va s’en sortir. »
Avec la réception de Toulouse ce dimanche à La Mosson débute une série de rencontres face à des rivaux directs pour le maintien justement, que sont le TFC, Le Havre, Brest et Saint-Etienne. « Ces matchs face à des équipes qui ne sont pas loin de nous au classement vont être très importants, donc, il va falloir répondre présent », souligne Birama, d’un naturel plutôt calme en dehors du terrain. « On va travailler avec le staff pour bien préparer ces confrontions. Le maintien ? Évidement que j’y crois, comme tout le monde dans le vestiaire d’ailleurs. Si on n’y croit pas, ce n’est pas la peine. Je sais qu’on est capable de le faire ! »
De mieux en mieux sur le plan de la condition physique, Birama Touré avait été titularisé en charnière centrale la semaine passée lors de la venue de l’OM pour ‘‘dépanner’’ dans un secteur de jeu sinistré par les nombreuses blessures. Une fois de retour à son poste de prédilection au milieu du terrain, il pourrait bien être un point d’équilibre qui manquait au MHSC pour apporter plus de calme et de stabilité : « L’objectif principal du groupe c’est le maintien, c’est de sauver le club », conclut-il. « D’un point de vue personnel, j’espère retrouver mon plein potentiel physique le plus rapidement possible car j’ai tout de même passé 3 mois sans club ; m’intégrer à l’effectif, faire ma place petit à petit et me sentir comme chez moi afin d’aider l’équipe au maximum. » S’il vient de loin, Birama Touré sait où il veut aller. En toute discrétion et pour le bien du collectif.
. Rédaction Montpellier